Les différents apprentissages du chiot
Le bon développement chez le chiot est nécessaire si on veut que l’animal devienne un adulte accompli. Les différentes périodes sont également à connaître sur le bout des doigts quand l’on travaille dans les métiers du chien.
PÉRIODE PRÉNATALE
Avant la naissance : La gestation dure environ 9 semaines.
PÉRIODE NÉONATALE
– De la naissance à 15 jours : Le chiot est sourd, aveugle et incapable de se déplacer. Il dort la majorité du temps.
Il est totalement dépendant de sa mère qui le nourrit, le protège, le nettoie par léchage en stimulant l’élimination et ingérant ses excréments.
On notera qu’une partie de sa survie dépend également de certains réflexes :
- Réflexe de fouissement (il cherche à enfouir sa tête dans des endroits bien chauds)
- Réflexe labial (il essaie de téter tout ce qui s’approche de ses lèvres)
- Réflexe périnéal (il fait ses besoins quand sa mère lui lèche le ventre et le périnée)
- Réflexe de soutien (début de tentative de mouvement)
- Réflexe de pétrissement (durant la tétée, les chiots auront le réflexe de pétrir les mamelles de leur mère).

PÉRIODE DE TRANSITION
– De 15 jours à 3 semaines : C’est la phase de développement des sens, le chiot ouvre les yeux (entre le 10e et le 14e jour), entend (entre le 14 et le 21e jour), et sursaute au bruit (réflexe de sursautement).

PÉRIODE DE SOCIALISATION
3e semaine : socialisation primaire
C’est à partir de cette période que le développement comportemental commence (période sensible).
C’est le début de l’apprentissage du comportement de communication avec les premiers aboiements, grognements, jappements et du comportement exploratoire (d’investigation). Durant cette phase, on observe l’exploration en étoile (le chiot fait des aller-retours vers sa mère qui à un rôle rassurant indispensable à son bon développement).
4e semaine : identification de l’environnement
Durant cette période le chiot continue d’explorer et d’identifier son environnement. De plus, son développement physique est directement lié à ses possibilités d’exploration.
On notera également l’apprentissage de la morsure inhibée. Quand un chiot est mordu par un membre de sa fratrie, la mère va placer le chiot mordeur en position “d’inhibition”. Cet apprentissage est l’un des plus importants car il permet d’apprendre au chien les autocontrôles par le contrôle de sa mâchoire.
Attention : si les chiots sont séparés de leur fratrie à ce moment-là, on risque un mauvais contrôle de l’inhibition de la morsure, un apprentissage incomplet des règles sociales et un hyper attachement. L’attachement excessif peut conduire à former des chiens incapables de rester seuls, par exemple.
5e semaine : apparition de la peur – organisation du groupe – contrôle de la motricité volontaire
C’est la période de l’apprentissage de l’organisation du groupe par appréciation de la gestion de l’espace, des contacts et de la disponibilité de la nourriture : le chiot constate qu’il ne peut manger que lorsque tel individu a terminé, ou qu’il n’a pas le droit de prendre la friandise d’un individu qui est en gestion d’une ressource, etc.
La phase d’aversion débute elle aussi dès cinq semaines par l’apparition de la peur. Le chiot fuit les personnes inconnues et il a tendance à craindre les nouveautés (comportement plus ou moins visible en fonction du caractère du chiot, un chiot au tempéramment assuré aura moins de mal à aller vers l’inconnu). Pour finir, les nouvelles espèces découvertes peuvent être considérées comme ennemies.
A partir de 5 semaines, la période d’attraction diminue même si elle ne s’éteint jamais. Le chiot est moins curieux des nouveautés, mais il les reçoit encore tout de même avec intérêt. Il va enregistrer dans sa mémoire des références de milieu de vie, d’environnement. Il gardera les relations sociales acquises mais n’essaiera pas d’en développer d’autres. L’éleveur doit absolument multiplier les contacts et les expériences positives durant cette période. Parallèlement, à partir de la 5e semaine, le chiot découvre qu’il peut avoir une influence sur son environnement, par exemple en poussant un objet du museau ou l’un de ses frères et sœurs pour accéder à la meilleure mamelle. C’est lors de cette période qu’il apprend le controle de la motricité volontaire qualifiée à tord de position de “soumission”.
A 5 semaine, le chiot apprend également le contrôle de la motricité volontaire. C’est souvent ce qu’on nomme à tort la position de soumission car le chien se met sur le dos. En réalité, cette action est volontaire. C’est une posture d’apaisement pour éviter les conflits. Lors d’un jeu entre chiens ou avec un humain, cela peut être le chien qui “s’auto-handicape” afin que le jeu soit plus juste.
D’après le Docteur Joël DEHASSE :
« Le contrôle de la motricité volontaire est soumis à l’efficacité d’un petit interrupteur cérébral constitué de quelques cellules nerveuses en série, un peu à l’image d’un interrupteur électrique. Comme de nombreuses autres structures du cerveau, cet interrupteur nécessite une maturation, et celle-ci dépend de l’influence de l’environnement, dont l’éducation. Si la structure de cet interrupteur est déficiente, le chien risque de devenir hyperactif. Les chiots de 5 semaines se poursuivent l’un l’autre. Ils gambadent, crient, gesticulent et vont en tous sens. A un moment qu’elle juge opportun, la mère choisit un chiot, le poursuit, vient sur lui, semble l’attaquer. Gueule ouverte, elle saisit la tête entière du chiot ou une partie de son crâne, le happe par le cou ou les oreilles, le pince. Le chiot hurle, pousse un « kaï » retentissant et s’immobilise quelques secondes. La mère relâche sont rejeton qui s’ébroue et se relance dans le jeu ; Elle reproduit le même geste éducatif dans les quelques secondes qui suivent ou plus tard dans la journée. Progressivement, elle provoque chez le chiot un arrêt du jeu, l’adoption d’une position couchée inhibée de plus en plus longue qui atteindra finalement plus de 30 secondes à une minute. L’apparente violence de cette manipulation est contredite par l’attrait du chiot vers sa mère. Après le « kaï » et l’immobilisation, le chiot se lance à la poursuite de sa mère. Cette technique éducative n’engendre aucune peur. Pourquoi ? Parce que la mère n’y met pas d’autre émotion que celle du jeu : il n’y a en fait aucune agressivité. Cette éducation se poursuit jusqu’à l’âge de 3 ou 4 mois, alors que le chiot est censé avoir acquis un bon contrôle de sa motricité. D’autres chiens adultes peuvent remplacer la mère et se charger d’apprendre l’autocontrôle aux chiots. En l’absence de la mère ou d’un autre chien éducateur, ce sont l’éleveur et l’acquéreur qui doivent prendre le relai éducatif. Les différentes étapes de cette technique éducative sont les suivantes : Forcer le chiot à s’arrêter, le saisir au niveau de la face, de la tête ou du cou, le forcer à se coucher (sur le ventre), rester au dessus de lui jusqu’à ce qu’il se soit calmé et qu’il ne se débatte plus, et enfin le relâcher. Il est interdit de se mettre en colère, de crier ou de frapper. Un chiot qui n’a pas appris l’autocontrôle de sa mère, d’un chien adulte, de l’éleveur ou de l’acquéreur risque de devenir un chien adolescent ou adulte hyperactif, de bousculer et faire tomber les gens, de se frapper la tête contre un obstacle, de bouger sans arrêt jusqu’à tomber de fatigue et de se relancer dans le jeu au moindre stimulus. »
Vidéo d’une chienne enseignant le controle de la motricité volontaire avec ses chiots : https://www.youtube.com/watch?v=K0oM8koSLuY&t=116s
6e semaine : relation aux autres espèces
Cette semaine est elle aussi très importante, c’est celle du commencement des relations avec les autres espèces, l’attachement social aux êtres humains. Si l’éleveur est un homme, célibataire, sans enfant, les chiots n’auront donc probablement jamais connu de femmes ou de jeunes humains. Ils peuvent donc les craindre dans le futur, parce qu’ils n’auront pas été habitués à eux.
7e semaine : découverte de nouveaux environnement
C’est le meilleur âge pour la séparation si c’est un chien d’élevage, donc soumis à certaines stimulations et pas à d’autres. Il est capable, maintenant, de s’adapter à de nouvelles conditions de vie.
Avec cependant d’autant plus de difficultés que les semaines précédentes n’auront pas été riches en enseignements.
Il y a risque de syndrome de privation ou d’isolement si le chiot reste après la 7e semaine dans un élevage pauvre en stimulations.
8e semaine : âge légal de vente + pic de curiosité (entre 8 et 9 semaines)
C’est l’âge légal de vente des chiots. C’est une période extrêmement sensible qui va s’étendre jusque vers la 12e semaine (16 selon les auteurs).
Même s’il connait déjà le comportement de peur, c’est dans la 8e et la 9e semaine que le chiot est le plus curieux. C’est donc la meilleure période pour lui faire faire des expériences diverses (découvrir la ville, le bruit, les espèces inconnues…) afin qu’elles lui soient familières et ne génèrent pas de peur lorsqu’elles se reproduiront.
ZOOM sur le seuil d’homéostasie sensoriel – jusqu’à 12 semaines Entre la 3e et la 12e semaines, le chiot enregistre tout ce qu’il vit – bonnes et mauvaises expériences –. Une fois adulte, tout « ce disque dur » lui servira de base de donnée, de seuil de tolérance à l’environnement dans lequel il évolue. Plus le chiot aura vécu de situations diverses, plus il sera à l’aise dans un environnement riche en stimulations. A l’inverse si le chiot a passé les six premiers mois de sa vie en chenil, il aura beaucoup de mal à évoluer dans un environnement citadin. // Voir aussi le cours sur le Syndrome de privation sensoriel (trouble du développement) |
PÉRIODE JUVÉNILE (de 12 semaines à la puberté)
Le chien continue à acquérir des compétences sociales. Ceci correspond à une intensification de sa socialisation. On l’observe très bien dans les différentes écoles des chiots.
Durant cette période il est important de multiplier les confrontations de qualité afin d’augmenter la tolérance et la communication entre chiens. Ceci favorise la capacité à s’organiser socialement. Une absence d’intervention des maîtres est souvent favorable : si l’humain s’efface lors de ces interactions cela est propice à une expression libre et sans frein.
Durant cette période il est également primordial que le jeune chien rencontre des adultes équilibrés et stables.
Attention à l’isolement d’un jeune chien, qui risque de développer une dyssocialisation secondaire.
PÉRIODE PUBERTAIRE (le passage à l’âge adulte)
Cette période débute en moyenne à l’âge de 6 mois. Les hormones sexuelles modifient le comportement du chiot, ainsi il tolère moins les contacts rapprochés. C’est pourquoi on observe qu’il s’éloigne progressivement de sa mère. C’est le début de l’indépendance.
Le jeune chien est désormais attiré par des partenaires de sexe opposé et, en période de reproduction, des comportements agressifs peuvent se produire par compétition. En revanche, une socialisation réussie permettra aux mâles de ne pas agresser les femelles.
Durant cette période, des modèles comportementaux se mettent en place. C’est à ce moment que l’on observe l’importance du capital génétique du chien. Nous pouvons modifier les modèles de comportement du chien en jouant sur son environnement. C’est-à-dire sur le groupe familial, sur les interactions en société, sur le partage des ressources et sur les activités proposées, tel que le jeu.
Les 3 modèles comportementaux d’un chien adulte sont :
1/ La recherche de sécurité
2/ La nourriture
3/ La reproduction

Attention : Ne pas oublier le contrôle de la motricité volontaire à 5 semaines et l’âge légal de vente à 8 semaine. Edit : De plus sur le dernier schéma, il faut remplacer “Apprentissage hiérarchie” par apprentissage des codes sociaux. |


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