Dominance chez le chien : qui est le patron ?

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Dominance : qui est le patron ? Il y a un sujet sur lequel beaucoup de monde donne son avis : le chien. Sans jamais en avoir fait son métier ou des études, vous pouvez donner votre avis. Quand on parle de chien, on peut entendre tout et son contraire.

Je ne sais pas trop pourquoi les amoureux des chiens ressentent le besoin de partager avec le monde leur “sagesse”. Comme si, posséder un chien les qualifiait d’experts. Cela se produit rarement dans d’autres métiers. Vous n’entendez jamais des gens se disputer avec leur cardiologue : « Vraiment ? Des artères obstruées? Je ne pense pas ! J’ai eu un cœur toute ma vie et je pense que je suis juste en mal d’amour”.

C’est assez frustrant pour les professionnels du chien. Je parle des vrais pros. Ceux qui se mettent à jour de leurs connaissances et qui ne restent pas sur leurs acquis. Parfois, un conseil stupide est juste inoffensif. Cependant, écouter les conseils de non-professionnels peut réellement causer des problèmes plutôt que de les soulager.

D’ailleurs l’observation/conseil qui revient le plus souvent est : ton chien est dominant !

Qu’est-ce que la théorie de la “dominance” ?

La théorie de la dominance suppose que les chiens sont motivés toute leur vie pour atteindre pour dominer le monde. Ainsi, ce désir peut les amener à adopter des comportements tels que de l’agressivité. Si l’on suppose que le comportement d’un chien est motivé par se désir, on a tendance à conclure que, pour résoudre le problème, le propriétaire doit devenir plus fort que son chien. Cette interprétation a donc encouragé le développement de techniques de dressage faisant appel à la punition ou à la force. Afin de montrer au chien qui est LE patron.

La majorité des éducateurs et des comportementalistes ont aujourd’hui modifié leur pratique pour ne plus établir de lien dominant/dominé. Nous comprenons également beaucoup mieux le fonctionnement du cerveau et l’apprentissage des animaux. Ce qui nous a permis de mieux comprendre pourquoi des comportements tels que l’agressivité se développent chez le chien. Il est donc important de réévaluer les techniques que nous utilisons lors de l’éducation des chiens et de nous assurer que nous utilisons des techniques qui ne risquent pas de compromettre leur bien-être. Mais aussi le nôtre ! En effet, qui aimerait être dans un rapport de force tous les jours avec son chien ? Au risque de se faire agresser ? Personne. 

D’où vient la théorie de la dominance chez le chien ?

La dominance est utilisée pour décrire le comportement du chien par le biais d’études très anciennes faites sur le loup. Cette recherche est basée sur des observations de groupes de loups captifs qui ne se connaissaient pas. Les scientifiques ont découvert qu’il y avait beaucoup d’agressivité au sein des groupes. Les loups formaient une “hiérarchie” pour décider quels loups avaient d’abord accès aux ressources et aux droits de reproduction. On pensait alors, que le loup était l’ancêtre du chien. On sait aujourd’hui qu’ils sont en réalité cousins, comme nous le sommes avec les singes. Puisque le loup était censé être l’ancêtre du chien, des personnes ont suggéré que le même schéma s’appliquait aux chiens. 

Cette même théorie fut réfutée, mais elle avait déjà pris sa place dans les idées reçues des familles.

Les chiens sont-ils comme des loups ?

Les recherches sur les populations naturelles de loups sauvages réfutent la théorie de “hiérarchie de dominance”. Elles suggèrent que les groupements sont davantage basés sur des groupes familiaux. Ces groupes se basent sur la coopération. Les parents guident leurs enfants dans le développement des compétences sociales et des compétences de la chasse. Dans ces groupes, il n’y a pas d’alpha obtenu par la force ou l’agression. Les comportements agressifs sont très rares dans les groupes stables. En effet, les loups sont libres de se disperser en cas de conflit, au lieu d’être forcés de vivre ensemble. C’est d’ailleurs plus que logique. Dans la nature, l’animal doit pouvoir survivre sans se blesser surtout pour la pérennité de l’espèce. Hors, cela est impossible si la vie est faite d’agressions. 

L’observation des chiens de rue a montré que, dans une situation de vie libre, les chiens ne restent pas dans des groupes familiaux strictes. Les interactions entre individus sont beaucoup plus fluides. Elles semblent être basées sur des circonstances et sur des connaissances préalables concernant les autres individus.

Les structures sociales des chiens sont basées sur des relations et des expériences individuelles. Les chiens, issus d’une espèce très sociale, ont la capacité de lire le comportement de chacun. Ils peuvent établir ce que ressentent les autres et de modifier leur comportement en conséquence. Cette capacité à réagir aux changements de l’environnement social signifie que leur comportement est très flexible. C’est donc différent des idées selon lesquelles, les chiens sont considérés comme ayant pour seul but de dominer les autres. Heureusement pour eux d’ailleurs ! Si non, ils n’auraient jamais pu évoluer avec l’être humain, qui lui demande, soyons honnête, souvent beaucoup de trop !

La dominance un beau conte de fée

Le vrai problème est que : si les gens croient qu’un chien fait quelque chose pour “dominer”, cela les amène naturellement à utiliser l’éducation coercitive. Cela repose sur l’utilisation de techniques d’intimidations physiques ou morales. Malheureusement, ces techniques sont préjudiciables au lien entre l’humain et le chien. Elles peuvent également exacerber les problèmes. Mais, c’est aussi mettre le réel problème de côté.

En effet, penser à une simple dominance, c’est oublier nos responsabilités en tant qu’humain, puisque “tout est de la faute du chien dominant”.

Si le chien peut être un réel opportuniste, il n’a pas les capacités cognitives adéquates pour conceptualiser un plan afin de dominer le monde. Par contre, il a des comportements adaptatifs. Ce qui veut dire, que tous les comportements qu’il produit (bons ou mauvais) découlent en grande partie de l’environnement que vous lui offrez (et d’autres choses encore comme la génétique).

Vidéo avec un grand vétérinaire comportementaliste Stéphane Tardif

La science et l’éthologie nous ont montré que la soumission forcée n’était pas du tout représentative de la façon dont les animaux, y compris les chiens, établissent des relations fonctionnelles saines entre eux ou les autres espèces. Nous pouvons dire qu’un chien a du caractère comme nous pourrions le dire d’un autre être humain. Mais nous ne pouvons pas parler de dominance. La plupart des problèmes de comportement canin résultent de l’insécurité et/ou du maintient du confort ET non pas du désir de dominer le monde .

Nous sommes responsables de nos chiens. Mais pas en tant que dominant. Par conséquent, enseigner aux chiens “qui est le patron” par la force, est précisément le contraire de ce dont ils ont réellement besoin. A l’heure où nous pouvons éduquer sans violence, à quoi cela sert-il de se priver d’une coopération saine avec le chien ?

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