Le Chien, l’histoire de sa domestication.
Comprendre d’où il vient pour comprendre ce qu’il est aujourd’hui.
L’hypothèse de la domestication du chien :
Le chien nous accompagne depuis plusieurs milliers d’années, mais vous êtes-vous déjà demandé comment avons-nous réussi à domestiquer cette espèce ?
Plusieurs hypothèses existent sur la domestication du chien, mais l’hypothèse la plus admise de nos jours est celle de Raymond Coppinger.
Raymond Coppinger était un professeur de sciences cognitives et de biologie. Son hypothèse sur la domestication du chien vient de ses observations sur le terrain de groupes de chiens errants. En observant ces chiens dans des villes composées de décharges ouvertes, Raymond Coppinger a réussi à identifier un comportement particulièrement intéressant qui lui a inspiré son hypothèse de la domestication du chien.
En effet, il s’est rendu compte que les chiens errants venaient chercher des déchets de nourriture dans ces décharges ouvertes, et que lorsqu’un humain arrivait pour y jeter de nouveaux déchets, les chiens prenaient cela comme un danger et fuyaient face à cette potentielle menace pour revenir ensuite, une fois le danger écarté.
Son observation se base sur la fuite de ces individus.
Raymond Coppinger s’est rendu compte que les individus d’un même groupe ne fuyaient pas tous à la même distance et que par conséquent, certains chiens revenaient plus vite que les autres. Ces chiens avaient donc accès en priorité aux déchets fraîchement laissés. On nomme cela la distance de fuite, qui correspond au temps et la distance parcourue pour fuir un danger.
Ainsi, certains individus ont une distance de fuite plus courte, ce qui révèle probablement un tempérament moins craintif et donc plus propice à la familiarisation.
L’hypothèse de Raymond Coppinger a été de transposer cette observation à ce qui aurait pu se passer au temps de la domestication du chien. À cette période, l’Homme a commencé à se sédentariser, il a donc commencé à laisser des déchets autour de son campement. Ces déchets ont logiquement attiré les animaux sauvages, dont l’ancêtre du chien. De là, il est fortement probable que les individus ayant une distance de fuite plus courte auraient été ceux propices à la domestication.
Il est intéressant de savoir que le chien est la première espèce à avoir été domestiqué. Plusieurs scientifiques s’accordent même à dire que la domestication nous a permis de domestiquer d’autres espèces par la suite. Il est donc nécessaire d’envisager que la domestication nous a permis d’évoluer considérablement en tant qu’être humain.
La domestication : qu’est-ce que c’est ?
En une phrase, la domestication c’est la rupture progressive avec l’état sauvage. De cette domestication, des modifications physiques et comportementales se produisent. L’un des points intéressants de la domestication du chien, si nous nous amusions à le comparer à son « cousin » le loup, c’est la conservation des caractéristiques juvéniles comme la conservation du jeu à l’âge adulte pour le chien (néotenie). Ce point est particulièrement intéressant, car le jeu permet une plus grande modulabilité de l’individu. Nous aurons grandement l’occasion d’étudier cet élément par la suite…
La terre d’origine de tous les chiens serait l’Asie
Les fossiles les plus anciens de “proto” chiens retrouvés en Sibérie à ce jour datent de 36 000 ans. La domestication du canidé est plus ancienne que le début de l’agriculture il y a environ dix mille ans. Mais les scientifiques ne savent pas quand exactement l’ancêtre des chiens et des loups s’est séparé pour devenir deux espèces distinctes. Cette séparation remonterait à plus de 100 000 ans, selon certaines estimations.
Pour ce qui est de l’origine géographique du Chien, une étude réalisée à Stockholm, à l’institut Royal de technologie par le professeur Peter Savolainen, laisse penser que la terre d’origine de tous les chiens serait l’Asie Orientale. Cette étude a démontré qu’en analysant les différences génétiques entre les différentes races de chien, il est possible de mieux comprendre d’où elles viennent. Plus de 3000 chiens ont ainsi été testés dans le monde entier en analysant leur ADN mitochondrial (qui se transmet intact d’une mère à ses descendants). Les résultats laissent penser que les chiens viendraient principalement de Chine ou de Sibérie.
Le chien et le loup
Les loups et les chiens appartiennent à la même espèce, celle des Canis Lupus, qui compte 37 sous-espèces au total. Cependant, chiens et loups sont considérés comme des sous-espèces différentes : le loup est un Canis Lupus lupus alors que le chien domestique, lui, est un Canis Lupus familiaris. L’un ne descend donc pas de l’autre.
Il existe entre le chien et le loup des différences physiques, mais aussi comportementales. De plus, il faut comprendre que l’environnement du loup, qui est un animal sauvage, prédateur, est complémentement différent de l’environnement du “chien chasseur de croquettes”.
Différences morphologiques : réduction de la taille (même si plus tard par sélection artificielle l’homme a créé des races géantes), persistance du « stop » (zone située entre les yeux), abaissement de l’âge des premières reproductions : 2 ans chez le loup et le chien sauvage / 6-12 mois chez le chien domestique.
Différences comportementales : Une différence notable est la persistance du jeu à l’état adulte chez le chien. Le jeu étant un comportement juvénile que l’on retrouve chez le chien adulte et qui permet de le modeler dans ses comportements.
Le rapport du maître est aussi une conséquence de cette différence : le maître ayant le rôle de parent éducateur qui protège et sécurise le chien dans ses besoins vitaux et sociaux. Zimen, un éthologue, parle du chien domestique comme d’un loup bloqué à l’adolescence.
Une autre différence comportementale entre le chien et le loup concerne la communication. Le chien a des modalités de communication appauvries ou du moins simplifiées par rapport au loup qui hurle. La cause vient du fait que le chien a un éventail de besoin moindre que le loup – moins de concurrence entre les chiens (certains chiens ne côtoient jamais leurs congénères).
Nous pouvons également noter la différence d’ADN entre le Chien et le Loup gris qui est de 0.2%.
Voici un phénogramme (sorte d’arbre généalogique) des espèces “Canis”, dont le chien et le loup. La classification phylogénétique est un système de classification des êtres vivants qui a pour objectif de rendre compte des degrés de parenté entre les espèces et qui permet donc de comprendre leur histoire évolutive (ou phylogénie).